L'UE a développé une large législation environnementale. Pourtant ce souci par rapport à l'environnement n'obéit pas à une véritable intention de parvenir à la soutenabilité écologique mais plutôt à l'impossibilité de cacher pour plus de temps la destruction de l'environnement, ainsi qu'à l'augmentation de la sensibilité écologique parmi la population.

Ainsi, selon le Traité de la Constitution Européenne : «L'Union œuvre pour le développement durable de l'Europe fondé sur une croissance économique équilibrée et sur la stabilité des prix, une économie sociale de marché hautement compétitive.» Tout au long de ses articles l'idée est répétée de conjuguer la protection de l'environnement avec une économie très compétitive basée sur la croissance. Mais cette assertion est impossible parce que c'est justement cette économie de marché la responsable ultime de la crise écologique actuelle.

En plus, on ne dit pas comment ou qui va avancer vers cette soutenabilité. Bref, l'indéfinition même de ces objectifs fait qu'ils ne soient qu'une simple déclaration sans conséquences réelles, ce qui n'est pas le cas des objectifs économiques.

Ainsi les politiques réelles de l'Union Européenne laissent de côté le respect rhétorique pour l'environnement. Dès son début, l'Union a été conçue pour délocaliser et désagréger la production et la consommation, ce qui implique une augmentation des besoins d'énergie et de l'émission de polluants. Ainsi, l'Union mise avec force sur la création de grandes infrastructures pour le transport. Selon l'article III-246 : «l'Union contribue à l'établissement et au développement de réseaux transeuropéens», l'Union pouvant apporter des fonds pour un tel but (article III-247).

Tout étant la responsable de 24 % des émissions totales des gaz à effet de serre, l'Union Européenne est devenue l'une des organisations internationales en tête de la lutte mondiale contre le changement climatique. Pourtant, cette situation relève des défauts des autres pays plutôt que des mérites propres, puisque les compromis acquis par l'Union Européenne sont tout à fait insuffisants pour enrayer le changement climatique. En plus, les données semblent montrer qu'elle ne va pas atteindre les objectifs du Protocole de Kyoto.

La politique agricole de l'UE, au moyen de la Politique Agricole Commune, favorise la concentration et les grandes exploitations intensives de monocultures, mise sur un modèle qui fait un usage abusif des fertilisants chimiques et des pesticides, qui entraîne une dépense insoutenable des ressources hydriques et du plastique, et qui encourage l'usage de quelques races de bétail, nourries avec des aliments composés et bourrées de médicaments. A ceci il faut ajouter l'ouverture du marché européen aux transgéniques. Ce traité ne permet pas d'espérer un changement dans l'orientation de telles politiques, l'article III-227 étant claire à ce propos : «La politique agricole commune a pour but : d'accroître la productivité de l'agriculture en développant le progrès technique, d'assurer ainsi un niveau de vie équitable à la population agricole, de stabiliser les marchés».

Finalement, la production de résidus de l'UE ne cesse pas d'augmenter chaque année, malgré l'incorporation dans la législation communautaire du principe de précaution quant à sa production. D'ailleurs, la législation européenne pour la protection de la santé publique concernant les résidus a augmenté. Mais cette législation est insuffisant parce les risques qu'impliquent les résidus sont toujours présents et parfois ont augmenté. En plus, le principe de «précaution et d'action préventive» ne fait pas mention de l'énergie nucléaire, des transgéniques ainsi que de beaucoup d'additifs chimiques, montrant ainsi encore une fois le caractère rhétorique de ses propos.

En résumé, l'esprit qui anime l'actuel Project de Constitution pour l'Union Européenne ne va pas du tout contribuer à un développement durable, mais il va plutôt dans le sens contraire.