Ecologistas en Acción, l'organisation écologiste de majeur implantation
de la ville et la région de Madrid, considère que la candidature
madrilène aux Jeux Olympiques de 2012, pose de graves problèmes pour
l'environnement..

Pour cette raison, l'organisation écologiste a envoyé une lettre à
Jacques Rogge, Président du Comité Olympique International. Dans cette
lettre s'exposent les inconvenients pour l'environnement les plus
importants de la candidature et se critique le manque d'information sur
le projet,ainsi que le manque de dialogue avec les responsables de
Madrid. Ecologistas en Acción, a fait part de ses inquiétudes, à la
Mairie de Madrid et au Comité Olympique Espagnol, depuis l'an 2002, sans
recevoir aucunes réponses.

À MONSIEUR JACQUES ROGGE
PRÉSIDENT DU COMITÉ OLYMPIQUE INTERNATIONAL

Nous nous dirigeons à vous pour exposer au Comité Olympique International (COI) quelques unes des considérations les plus graves, du point de vue de l'environnement, que présente la candidature madrilène à la célébration des Jeux Olympiques de 2012. Cette décision de notre part est motivée uniquement par le désir d'obtenir que le projet madrilène soit au service de la ville et de ses habitants et serve à améliorer leur réalité environnementale et sociale. La logique voudrait que ces questions fussent traitées avec les responsables madrilènes, mais comme on ne nous a pas donné cette possibilité nous espérons que les aspects exposés dans la présente lettre seront tenus en compte non pas pour porter préjudice à la ville mais pour améliorer la proposition madrilène.

Ecologistas en Acción est une confédération présente dans toute l'Espagne, rassemblant plus de 300 groupes écologistes de tout l'État espagnol. Dans la Comunidad de Madrid (nom officiel de la région administrative de Madrid) la Fédération de Ecologistas en Acción est formée de 30 groupes qui travaillent dans divers quartiers de la capitale, facultés et écoles universitaires et municipalités de la région. Il s'agit actuellement de l'organisation écologiste ayant la plus grande implantation et participation régionale. L'activité qu'elle développe est très diverse et a trait à l'urbanisme, infrastructures, eau, milieu naturel, déchets, énergie, pollution, consommation, biotechnologie, mondialisation et paix, education environnementale, etc. Le sport aussi n'est pas une activité étrangère à notre travail. La déficience et le renchérissement des installations sportives publiques est un point qui a été inclus dans quelques-unes de nos revendications et dénonciations.

Pour cette raison, depuis que la Mairie de Madrid a annoncé publiquement qu'elle prétend être candidate à célébrer les Jeux Olympiques (J.O.) de 2012, Ecologistas en Acción a vainement tenté de maintenir des contacts avec les responsables du projet. Notre objectif a toujours été d'exposer et de discuter la problématique environnementale et sociale de la ville et de sa métropole, au vu de laquelle nous considérons que Madrid n'est pas -et ne sera pas si on ne change pas drastiquement certaines politiques sectorielles- apte à réaliser des épreuves de ce type.

De fait, déjà en juillet 2002 Ecologistas en Acción a envoyé un rapport au Comité Olympique Espagnol (COE) et au maire de la ville de Madrid, intitulé “Deficiencias ambientales en un Madrid preolímpico” (Déficiences environnementales dans un Madrid préolympique), dans lequel est décrit le grand nombre de problèmes que présente la ville actuellement et qui rendraient difficile la célébration de Jeux Olympiques. Parmi eux ressortent notamment les hauts niveaux de pollution atmosphérique et le chaos du transport urbain. Il ressort aussi que la candidature est inspirée par les entreprises de construction et de promotion immobilières, véritables bénéficiaires du projet, que les Jeux soient ou non attribués à Madrid. De fait toutes les compagnies de construction ont déjà pris leurs positions pour obtenir l'adjudication des nouvelles infrastructures sportives et de communication.

Le cas de la pollution atmosphérique est sans doute le plus préoccupant : Madrid est une des capitales européennes les plus polluées et où se dépassent le plus les indices d'éléments polluants dangereux pour la santé (ozone, oxydes d'azote et poussière fine “PM10”). Au cours du dernier été une des villes choisies comme site olympique associé a dépassé en de nombreuses occasions les seuils d'ozone au-dessus desquels il est déconseillé de faire des efforts physiques. C'est le cas d'Aranjuez, site des épreuves d'aviron et de canoë-kayak. Dans ces conditions il est insensé de promouvoir une rencontre sportive internationale.
À faible distance du lieu où il est prévu de célébrer les épreuves de baseball et de softball, à Rivas-Vaciamadrid, se trouve l'usine d'incinération de Valdemingomez, où on brûle quotidiennement 1000 tonnes d'ordures. Cette circonstance a produit une augmentation des émissions de mauvaises odeurs et de substances dangereuses pour la santé comme les dioxines, furanes et métaux lourds. En aucun cas n'a été mentionnée la possibilité de résoudre ce grave problème.

Par ailleurs, quelques aspects du projet, loin de tendre vers des Jeux écologiques, tendent vers tout le contraire :

- L'agrandissement de l'aéroport de Barajas, si près de la cité olympique, cause de graves préjudices aux habitants des municipalités limitrophes, par la contamination acoustique. La déviation du lit naturel de la rivière Jarama sur une longueur de 2 km. pour construire deux nouvelles pistes et la totale destruction de l'écosystème des rives de l'ancien lit de la rivière, ont été des travaux dénoncés devant l'U.E. Cette section de la rivière se trouve incluse dans l'un des “Lieux d'Intérêt Communautaire” proposés par la Comunidad de Madrid (nom officiel de la région administrative de Madrid) pour faire partie du futur réseau Natura 2000.

- L'emplacement du site olympique de volleyball, à Coslada, enlèvera à ses habitants la seule zone verte qui reste dans cette municipalité, le dénommé Parque 7. De fait, le projet de restauration du parc qui était en cours d'exécution, consistant en la plantation de 70.000 arbres, a été paralysé par l'actuel conseil municipal. Les déclarations du maire de Coslada, en ce sens, son claires : On paralyse la restauration du parc parce que sur ces terrains on construira les installations olympiques.

- L'agrandissement du parc d'expositions Juan Carlos 1er, où se célèbreraient les épreuves de judo et de taekwondo et où se construirait le Centre de Communications et de suivi des J.O., n'est pas non plus exempt de polémique. Les terrains choisis se situent sur un des secteurs d'urbanisation annulés par sentence du Tribunal Supérieur de Justice de Madrid à cause de l'emplacement sur un sol de protection spéciale. Bien que la mairie de Madrid ait recouru la sentence devant le Tribunal Suprême, l'affaire n'est pas encore résolue. Malgré cela la mairie de Madrid a approuvé le plan partiel qui permet l'exécution de ces travaux.

- Nous considérons incorrect également le choix des îles Baléares comme site pour les compétitions de voile, pour deux raisons : Pour la distance de Madrid et l'obligation d'utiliser l'avion comme moyen de transport , ce qui renchérira les transferts des athlètes et des journalistes, et pour la néfaste politique environnementale menée aux Baléares. Le Govern de les Illes Balears (gouvernement des îles Baléares), présidé par l'ex-ministre de l'environnement, Jaume Matas, a approuvé la réduction drastique, jusqu'à la casi-disparition, de deux parcs naturels : le Parc Natural de la Peninsula de Llevant (Mallorca) et le Parc Natural de Cala d'Hort (Ibiza). Dans le cas du Parc Natural de Llevant la réduction affecte à 93,67% de la surface qui était protégée. Elle est passée de 16.232 hectares (ha) terrestres et 5.275 hectares marines protégés à seulement 1.586 ha terrestres. Celui de Cala d'Hort a pratiquement disparu.

A ces problèmes et à quelques autres il faut ajouter le manque de participation sociale et de transparence avec lequel la proposition de projet Olympique se developpe. Comme mentionné plus haut, Ecologistas en Acción a tenté dès le début de participer et d'apporter des critères sérieux environnementaux et de durabilité qui ne soient pas de simples déclarations décoratives. Malheureusement, cela n'a pu se faire jusqu'à présent. Selon nous, autant la Oficina Técnica del Madrid 2012 (bureau technique du Madrid 2012) que la mairie de Madrid ont perdu l'opportunité de développer une proposition de projet olympique participatif dans lequel les critères de durabilité auraient prévalu sur le reste.