L'annonce en grandes pompes de la réalisation d'un accord pour construire de nouvelles centrales nucléaires en Italie n'est qu'un essai de sauver la désastreuse situation financière de l'entreprise publique française Areva, fabricante de centrales nucléaires. En réalité, il n'y a aucun accord sur la construction de réacteurs.

En 2008 les pertes de l'entreprise de l'Etat français Areva, qui vend des centrales nucléaires, ont atteint les 687 millions d'euros. Areva aurait eu des bénéfices si elle n'était pas impliquée dans la construction du réacteur de Olkiluoto en Finlande, qui lui engendré des pertes de 749 millions d'euros cette année-là. Ainsi, la construction de ce réacteur de type EPR, comme ceux que prétendument on veut construire en Italie, a engendré un surcoût reconnu par Areva de 1700 millions d'euros sans prendre en compte les pénalisations que le retard supérieur à trois ans de ce projet pourrait procurer à Areva, et donc, aux citoyens français. En effet, le réacteur d'Olkiluoto fut vendu à un consortium de l'industrie papetière finlandaise au prix de 3000 millions d'euros et il devrait commencer à fonctionner cette année 2009. Les surcoûts et les retards se répercutent sur Areva, c'est-à-dire, sur le trésor public français.

Pour Ecologistas en Acción, l'annonce de Sarkozy et Berlusconi ressemble plus à un sarcasme qu'à un vrai accord avantageux pour les deux pays. Autant en Italie qu'en France le secteur générateur d'électricité est de caractère public, c'est pour cette raison que les résultats si catastrophiques de cette hypothétique aventure nucléaire seraient directement répercutés sur les contribuables des deux pays au cas où l'annoncée construction des centrales nucléaires soit réalisée. Cependant, de nombreuses entreprises de génie civil, de construction et de travaux publics se verraient bénéficiées par de tels projets.

Il n'est pas étonnant que ce soit deux chefs d'État comme Sarkozy et Berlusconi, qui ne se caractérisent pas exactement par leur sensibilité sociale, qui promeuvent ce type d'énergie, sachant pourtant les effets négatifs que cela suppose sur leurs secteurs publics respectifs. D'après Reuters, voici ce qui a vraiment été signé par ENEL et EDF :

Feb 24 (Reuters) – French President Nicolas Sarkozy and Italian Prime Minister Silvio Berlusconi signed a nuclear cooperation deal on Tuesday at a bilateral summit. (nLO637203) Italian utility Enel (ENEI.MI) said it had agreed with French power giant EDF (EDF.PA) to study the feasibility of building four nuclear plants in Italy and to extend Enel's involvement in France's nuclear programme. The two companies will set up a 50-50 joint venture for the feasibility study then, once Italy passes a new law authorising construction of new plants — suspended by a 1987 referendum — they would set up holding companies to build four new plants.

C'est-à-dire, une étude de viabilité et pas encore de projet concret. Comme l'industrie espagnole elle-même l'a reconnu, l'appui financier du gouvernement est indispensable dans la modalité des prêts à taux d'intérêts avantageux ou de subventions pour permettre à l'industrie nucléaire de décoller. Dans un cadre de génération électrique libéralisée, comme celui que l'on a en Espagne, il est impensable que quiconque se lance dans l'aventure nucléaire. Un autre exemple de cette situation, l'invitation de Gordon Brown aux entreprises britanniques à construire plus centrales nucléaires qui n'a pas eu d'écho de la part de ces dernières.